L’EDI est-elle sélective?

On parle beaucoup d’équité, de diversité et d'inclusion (EDI) présentement et de plus en plus d’organisations démontrent ouvertement leur sensibilité et leur désir d’intégrer les personnes issues de groupes marginalisés.

Par contre, j'ai l'impression qu'on parle des diversités qui sont présentement « tendance et sexy ».

On ne parle pas des personnes aînées ou des personnes vivant avec un trouble psychiatrique sévère comme la schizophrénie et je vois peu (pour ne pas dire aucune) d’organisations qui mettent de l’avant leurs politiques ou pratiques d’inclusion pour les personnes judiciarisées.

Pourquoi ?

Il existe plusieurs pistes de réponses, mais je crois que les préjugés qu’on entretient envers la judiciarisation freinent les entreprises à embaucher des personnes possédant un casier judiciaire.

En faisant cela, on se prive d’une énorme partie de la population qui serait prête à travailler et qui pourrait être une solution face à la pénurie de main-d'œuvre.

Quel pourcentage de la population exactement ?

On parle de 14%.

C’est une personne sur 7 et un homme sur 5 qui possède un casier judiciaire selon l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec.

Le travail occupe une grande partie de notre vie et nous permet de développer notre confiance, notre sentiment d’appartenance et d’obtenir évidemment une source de revenus.

Trouver un emploi stimulant et légal représente aussi un des prédicteurs d’une libération réussie les plus efficaces (1).

On a même demandé directement aux personnes judiciarisées ce qui les aiderait le plus à se (ré)insérer socialement et le fait d’occuper un emploi est le facteur qui les motive le plus (2).

Si on veut faire partie de la solution et non du problème, on doit embaucher des personnes judiciarisées pour leur redonner un sentiment d'appartenance et leur permettre de participer activement à la société.

L’obtention d’un emploi dépend évidemment de la volonté de la personne judiciarisée, mais aussi du désir de la communauté à intégrer socialement cette personne.

C'est une responsabilité partagée.

Comment peut-on blâmer les personnes judiciarisées si on ne leur permet pas de se (ré)insérer?

C’est ce qui nous amène à l’éducation.

Selon moi, l’éducation est toujours pertinente et permet de corriger nos fausses croyances.

En effet, même si on entretient des opinions négatives face aux populations carcérales, ces opinions tendent à se nuancer lorsqu’on a accès à plus d’informations valides (3).

Ça nous demande de remettre en question nos croyances, de faire preuve de bienveillance et de sortir de sa zone de confort.

Comme pour toute réalité qui peut nous être éloignée, je crois sincèrement que la création de partenariat avec des spécialistes permet de favoriser l’intégration des personnes issues de groupes marginalisés, dont les personnes possédant un casier judiciaire.

Pour plus d’informations, je t'invite à consulter le site de l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec.

C'est une vraie mine d’or d’information sur la réhabilitation et les enjeux des personnes judiciarisées.

À bientôt!

Références

1. Visher, C. A., Winterfield, L., & Coggeshall, M. B. (2005). Ex-offender employment programs and recidivism: A meta-analysis. Journal of Experimental Criminology, 1(3), 295–315. https://doi.org/10.1007/s11292-005-8127-x

2. Asencio, E. K., & Burke, P. J. (2011). Does Incarceration Change the Criminal Identity? A Synthesis of Labeling and Identity Theory Perspectives on Identity Change. Sociological Perspectives, 54(2), 163–182. https://doi.org/10.1525/sop.2011.54.2.163

3.Leclerc, C. (2010). L’insatisfaction du public à l’égard du système de justice. Porte ouverte - La Revue de l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec, 22 (3), 17-18. http://www.asrsq.ca/fr/pdf/po/por_1001.pdf

https://asrsq.ca/

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