Réinsertion sociale : Comprendre ce qui fonctionne vraiment
La réinsertion sociale des personnes judiciarisées représente un défi important pour la société. Alors que certains individus parviennent à reconstruire leur vie après une incarcération, d’autres retombent dans la criminalité rapidement. Parmi les éléments les plus déterminants de la réinsertion sociale, les caractéristiques personnelles des personnes judiciarisées, leur accès à l’éducation et à la formation, ainsi que les opportunités qui leur sont offertes après leur libération jouent un rôle important.
Les caractéristiques personnelles influençant la récidive
Les individus ne sont pas égaux face à la réinsertion sociale. Certains possèdent des atouts qui facilitent leur retour dans la société, tandis que d’autres doivent surmonter des obstacles importants.
Le niveau d’éducation est l’un des éléments les plus déterminants. Une personne ayant une bonne éducation ou ayant suivi une formation pendant son incarcération a davantage de chances de trouver un emploi stable à sa sortie, ce qui réduit le risque de retomber dans la criminalité. L’éducation joue un rôle de protection, car elle renforce l’estime de soi et permet d'avoir accès à des opportunités professionnelles intéressantes.
L’âge est un autre facteur important. Les jeunes sont statistiquement plus susceptibles de récidiver que les plus âgés. Cette différence peut s’expliquer par plusieurs éléments, notamment l’impulsivité et le manque de maturité chez les plus jeunes, mais aussi la difficulté à rompre avec un environnement social criminogène. Lorsque les individus vieillissent, ils tendent à se stabiliser, à rechercher plus de sécurité et à prendre des décisions plus réfléchies.
Les antécédents criminels influencent également la capacité d’un individu à se réinsérer. Une personne ayant déjà connu plusieurs incarcérations et ayant développé une identité criminelle aura plus de difficultés à changer de mode de vie. La récidive est souvent liée à des habitudes bien établies et à un réseau social peu propice à la réinsertion.
Enfin, les compétences cognitives et comportementales jouent un rôle majeur. La capacité à gérer ses émotions, à résoudre des problèmes de manière constructive et à s’adapter à de nouvelles situations est essentielle pour réussir sa réinsertion. Les détenus ayant suivi des programmes de développement des habiletés personnelles et de gestion des émotions sont mieux préparés à affronter les défis de la vie après la prison.
Les stratégies efficaces pour une réinsertion sociale réussie
Si certaines caractéristiques personnelles rendent la réinsertion plus difficile, plusieurs solutions ont prouvé leur efficacité pour aider les anciens détenus à retrouver une place dans la société et à éviter la récidive.
L’éducation et la formation professionnelle sont évidemment des outils très efficaces puisqu’ils permettent d’acquérir des compétences professionnelles très utiles sur le marché du travail. Les personnes judiciarisées ayant suivi une formation qualifiante ont plus de chances d’accéder à un emploi stable après leur libération, ce qui réduit le taux de récidive. On remarque aussi que les personnes qui ont suivi une formation académique en plus de suivre un programme d’habiletés personnelles (gestion de la colère, compétences parentales…) ont un taux de récidive moins élevés.
Le soutien apporté après la détention est également un élément déterminant. Un accompagnement individualisé après la sortie du centre de détention incluant un suivi psychologique et un accompagnement dans les démarches administratives et professionnelles, améliore significativement les chances de réinsertion. Trop souvent, les anciens détenus se retrouvent livrés à eux-mêmes sans aucun repère. Un encadrement bien structuré permet de limiter les risques de récidive.
L’accès à l’emploi est aussi un facteur très important puisque le fait d'occuper un emploi légal serait l’un des meilleurs moyens de réduire la récidive. Pourtant, l’embauche de personnes incarcérées reste un sujet délicat et les employeurs sont souvent réticents à embaucher une personne ayant un casier judiciaire, et ce, même si la discrimination est interdite lorsque le délit commis n’a pas de lien avec l’emploi ou que la personne a obtenu la suspension de son casier judiciaire (un pardon).
Entretenir les liens sociaux et familiaux est aussi très bénéfique puisqu'un entourage soutenant et positif augmente les possibilités de réinsertion sociale. Le maintien des relations familiales durant l’incarcération est donc essentiel pour faciliter la transition vers une vie stable après la libération.
Pourquoi investir dans la réinsertion sociale?
Au-delà des considérations humaines et éthiques, la réinsertion sociale est également une question économique et, évidemment, de sécurité publique. La récidive représente un coût considérable pour la société. En investissant dans des programmes adaptés et en tenant compte des caractéristiques personnelles des détenus, il est possible de briser le cycle de la criminalité et de leur permettre de devenir des citoyens actifs. Si la réinsertion sociale est un défi, elle est loin d’être une utopie. Les solutions existent et ont prouvé leur efficacité.
Et vous, pensez-vous que la réinsertion sociale est suffisamment prise en compte dans nos politiques publiques? Partagez votre avis en commentaire!
Références :
Roessger, K. M., Liang, X., Weese, J., & Parker, D. (2021). Examining Moderating Effects on the Relationship Between Correctional Education and Post-Release Outcomes. Journal of Correctional Education (1974-), 72(1), 13–42. https://www.jstor.org/stable/27042234
https://educaloi.qc.ca/capsules/consequences-dun-casier-judiciaire/