Les politiques contre la discrimination : un faux sentiment de sécurité

La lutte contre la discrimination est devenue un enjeu central de notre société.

Il existe plusieurs moyens pour dénoncer et réprimer la discrimination, dont les différentes politiques mises en place par les organisations.

Par contre, je suis toujours un peu surprise de voir que des organisations se dotent de politique de tolérance zéro face à la discrimination, sans mettre en place d'autres actions.

Ces politiques ont sûrement du bon, mais j'ai de la difficulté à les célébrer parce qu'elles ne vont, la plupart du temps, pas assez loin et ne font que mettre par écrit des lois qui existent déjà.

Selon moi, il peut même être parfois dangereux de mettre de l'avant ce genre de politique.

L'une des principales raisons pour lesquelles les politiques contre la discrimination peuvent être perçues comme une illusion de sécurité réside dans l'idée que leur simple existence protègent les personnes et suffit à éradiquer les préjugés et les inégalités.

Ces politiques ne peuvent pas à elle seule éliminer les stéréotypes, les biais cognitifs et les comportements discriminatoires ancrés dans la société.

Les attitudes discriminatoires ne disparaissent pas miraculeusement du jour au lendemain, même avec des politiques en place.

En se focalisant uniquement sur l'existence de ces politiques, on néglige souvent la nécessité de mettre en place des actions concrètes pour transformer les mentalités et la culture de notre organisation.

Une autre facette trompeuse des politiques de lutte à la discrimination est l'effet de compensation morale.

Lorsqu'une organisation met en œuvre des politiques antiracistes ou des politiques de lutte à la discrimination, elle peut développer un sentiment de satisfaction morale, croyant qu'elle a accompli sa part pour lutter contre les inégalités.

Cependant, cette perception peut mener à une complaisance, où les actions de l'organisation se limitent aux aspects visibles et formels, sans véritablement aborder les problèmes sous-jacents.

Paradoxalement, l'adoption de ce genre de politique peut conduire à une réduction des efforts pour favoriser la diversité et l'inclusion au sein de l'organisation.

Un exemple concret de cet effet est que certaines entreprises qui mettent en place des politiques antiracistes finissent par embaucher moins de personnes noires.

Ainsi, les politiques de lutte à la discrimination peuvent involontairement perpétuer les inégalités qu'elles cherchent à combattre.

Pour dépasser ces illusions et créer un véritable changement, il est crucial de passer de la simple adhésion à des politiques à une réelle transformation des mentalités.

Les organisations doivent s'engager activement à remettre en question leurs pratiques, à former les membres de leur personnel pour reconnaître et combattre les biais cognitifs et ainsi créer un environnement propice à la diversité et à l'inclusion.

Cela nécessite un engagement profond et durable, allant au-delà de la simple mise en œuvre de politiques superficielles.

En fin de compte, les politiques contre la discrimination ne devraient pas être perçues comme une fin en soi, mais plutôt comme un point de départ pour des changements significatifs.

La Charte québécoise des droits et libertés de la personne offre un cadre juridique important, mais il appartient à chaque personne de se questionner sur la manière dont elles peuvent véritablement contribuer à créer un monde plus égalitaire et inclusif.

Remettre en cause nos préjugés et s'engager dans une transformation authentique sont les premiers pas vers une véritable justice sociale.

N'hésite pas à me contacter pour en apprendre davantage sur les biais cognitifs et les pratiques inclusives efficaces et durables!

Bonne réflexion!

Sarah

Références :

Desmanches, S. (2022). Biais de compensation morale. Dans G. Béghin, E. Gagnon-St-Pierre, C. Gratton & E. Muszynski (Eds). Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol. 5. En ligne : www.shortcogs.com

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